J’ai fait une rencontre. Une rencontre humaine, physique, réelle. Mais aussi une rencontre avec des sentiments, des émotions nouvelles ou oubliées.
J’en ai été la première surprise. Ce traitement qui m’aide à stabiliser mes sentiments et mes émotions ne m’empêche donc pas de ressentir intensément ! C’était ma plus grande crainte quand ma psychiatre me l’a proposé : sentir moins, ne pas être capable de développer de sentiments potentiellement amoureux. J’avais déjà vécu cette ambiance étrange sans véritable joie et sans profonde peine.
Je me suis trompée.
Pendant le confinement, ces émotions m’ont surprises, moi qui me sentais déjà bien. Elles se sont imposées, m’ont enveloppées, elles m’ont bouleversées et les larmes sont montées.
J’ai ressenti une infinie gratitude. Gratitude non pas envers ce nouvel être dans ma vie, mais envers moi-même. Une gratitude infinie de se sentir inondée fortement par un bonheur nouveau.
Je suis consciente que mon cheminement entamé y est pour quelque chose. Cette quête merveilleuse de la rencontre de mon moi profond me mène vers des horizons que je n’espérais pas explorer si vite. Cette vulnérabilité assumée m’offre un champ des possibles inégalé.
Le déconfinement qui m’a chahuté, la course effrénée contre le temps, les nouveaux ajustements, organiques, sociaux, tous ces phénomènes rendent ma sensibilité encore plus épidermique.
Tout se mélange, sans tristesse, sans réelle peur, mais les émotions sont intenses et cherchent délibérément une porte de sortie. Les larmes coulent à flots et m’apaisent.
Ne pas les réprimer, ne pas les blâmer, juste les accueillir, comme le témoin d’une nouvelle histoire qui se dessine, une histoire de curiosité et de lâcher prise.